Les amateurs de cannabis préféreraient-ils fumer local? | Le Devoir

14 producteurs québécois de cannabis peuvent désormais vendre directement aux consommateurs québécois clients de la SQDC.

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Photo: Marie-France Coallier Le Devoir À partir de cette semaine, Cheers Cannabis fait partie des 14 producteurs québécois dont le cannabis peut être vendu directement aux consommateurs québécois.

De plus en plus de cultivateurs québécois vendent leurs produits à la Société québécoise du cannabis (SQDC). Leur place a aussi augmenté dans les ventes en croissance de la société d’État, ce qui leur permet de tirer leur épingle du jeu dans un marché très concurrentiel.

À partir de cette semaine, Cheers Cannabis fait partie des 14 producteurs québécois dont le cannabis peut être vendu directement aux consommateurs québécois. Ils n’étaient que trois il y a un an, selon la SQDC.

« On a hâte de présenter notre produit, notre propre marque », affirme la directrice des ventes de Cheers Cannabis, Vicky Laliberté. « C’est le fun d’être lié aux consommateurs. On veut une relation avec eux, être à l’écoute des clients », renchérit son frère, Kevin Laliberté, chef de production.

Une dizaine de membres de la famille Laliberté travaillent aussi au sein de l’entreprise de Varennes. En 2018, le Groupe Laliberté, qui travaillait alors dans la construction et l’immobilier, a converti ses terres agricoles en serres intérieures de cannabis.

« On ne connaissait rien à ça, on était un peu en panique. Sans d’autres producteurs québécois qui nous ont aidés, on ne serait pas passés à travers », raconte Kevin.

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Photo: Marie-France Coallier Le DevoirVicky Laliberté et son frère Kevin Laliberté dans les serres de l’entreprise de Varennes Cheers Cannabis.

L’équipe familiale a commencé en janvier 2019 la production annuelle de 1,8 million de grammes de cannabis dans leurs installations de près de 2000 m2. Or, jusqu’à présent, il n’était pas possible de trouver les emballages de Cheers Cannabis sur les tablettes. Ils vendaient uniquement leur stock en vrac à d’autres producteurs licenciés, souvent plus gros, qui s’occupaient de la mise en marché.

Mais il devenait difficile de faire de bonnes affaires de cette façon, devant l’abondance de producteurs se battant pour les contrats. En effet, le nombre de titulaires de licences pour cultiver, transformer ou vendre du cannabis au Québec a doublé entre septembre 2020 et aujourd’hui, passant d’une cinquantaine à plus de 100, selon les données de Santé Canada et de Statistique Canada.

« Le producteur se garde une marge, et ça diminue les profits », souligne par ailleurs Vicky Laliberté. Son équipe et elle ont donc décidé de demander une licence de vente leur permettant de faire affaire avec la SQDC.

Encourager l’économie locale

Les dirigeants de 5 Points Cannabis, entreprise située à Pierreville, dans le Centre-du-Québec, ont pris le même virage il y a trois mois, pour des raisons semblables. « La SQDC est une très bonne partenaire, parce qu’elle t’assure d’avoir une place privilégiée », affirme le directeur général, Alexis Bibeau.

Il fait ainsi référence à la mention « Cultivé Québec », lancée en juin dernier, qui permet aux consommateurs d’étiqueter ainsi une centaine d’offres de fleurs séchées d’ici. M. Bibeau croit que les amateurs de cannabis préfèrent les produits locaux et ont un préjugé favorable envers la qualité du cannabis des petits producteurs, comme 5 Points Cannabis.

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Photo: Marie-France Coallier Le Devoir14 producteurs québécois peuvent maintenant vendre directement aux consommateurs québécois clients de la SQDC.

De son côté, la SQDC dit avoir « le souci d’encourager l’économie locale ». « De juin à aujourd’hui, les ventes de produits portant la mention “Cultivé Québec” sont passées de 35 % à 43 % », précise par courriel le porte-parole du détaillant, Fabrice Giguère.

Par ailleurs, la SQDC attribue la croissance de ses ventes au déploiement de son réseau de magasins, au nombre de 12 en octobre 2017, de 68 en juin 2021 et de 78 aujourd’hui. Ses dirigeants ont pour objectif d’en compter une centaine d’ici mars 2023.

Précarité des producteurs

Ces progressions réjouissent le directeur général de l’Association québécoise de l’industrie du cannabis (AQIC), qui sent que la SQDC a été à l’écoute des besoins de ses membres. Le portrait de l’industrie n’est toutefois pas entièrement rose, note Pierre Leclerc.

« Sur le terrain, j’entends que c’est une année charnière et que c’est extrêmement difficile pour les producteurs », dit M. Leclerc. « J’entends qu’un pourcentage important des producteurs ne sont pas rentables », ajoute-t-il, constatant que les liquidités commencent à s’épuiser dans plusieurs entreprises.

« À l’heure zéro, on comprend qu’on est en surproduction », explique le directeur général de l’AQIC, dont l’effectif est passé, depuis sa fondation au printemps 2019, de sept à plus d’une cinquantaine de membres, dont près de la moitié sont des cultivateurs.

Le marché a toutefois encore unpotentiel de croissance. D’après un récent sondage de la firme Deloitte, 54 % des consommateurs de cannabis canadiens s’approvisionnent seulement sur le marché légal. Il reste donc encore une part importante du marché illicite à conquérir. Le rapport indique également que les consommateurs sont intéressés par des produits qui ne sont pas autorisés au Québec, comme les produits comestibles, les extraits topiques et le vapotage.

Le directeur général de l’AQIC demande que le gouvernement considère son association comme un interlocuteur valable et travaille avec lui au développement d’une vision commune, afin d’assurer la survie et le développement de cette industrie dans la province.

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